Perdre l’équilibre ou souffrir de vertiges donne souvent lieu à des explications simples : fatigue, stress, problèmes circulatoires. De même, une perte auditive est généralement perçue comme un trouble isolé. Pourtant, dans de nombreux cas, ces deux symptômes – vertiges et surdité – sont intimement liés.
Pourquoi ? Parce qu’ils prennent racine dans un organe commun : l’oreille interne.
Il est essentiel de comprendre que les vertiges ne sont pas toujours neurologiques ou cardiovasculaires. Lorsqu’ils s’accompagnent de troubles auditifs, il est probable qu’une atteinte de l’oreille interne soit en cause. Cela justifie une évaluation spécialisée.
Dans cet article, nous allons explorer ce lien méconnu entre audition et équilibre, en nous appuyant sur les connaissances cliniques les plus récentes et les pathologies les plus fréquentes qui les relient.
L’oreille interne : un organe aux deux fonctions clés
L’oreille interne joue un rôle central dans notre interaction avec le monde. Elle est composée de deux structures majeures :
La cochlée, responsable de l’audition, qui transforme les vibrations sonores en signaux nerveux envoyés au cerveau.
Le vestibule (et ses canaux semi-circulaires), dédié à l’équilibre, qui détecte les mouvements de la tête, la gravité et les accélérations.
Ces deux systèmes partagent un même environnement : une cavité osseuse contenant un liquide spécifique, l’endolymphe, dont les variations influencent à la fois l’audition et l’équilibre.
Ainsi, un déséquilibre, une inflammation, un traumatisme ou une dégénérescence de cette région peuvent affecter simultanément la perception des sons et la stabilité corporelle. C’est ce qui explique que de nombreux patients se plaignent à la fois de baisse d’audition et de vertiges ou sensations de déséquilibre.
Autre fait important : les cellules sensorielles de la cochlée et celles du vestibule sont très proches sur le plan biologique. Elles sont donc également vulnérables aux agressions comme certains médicaments, les infections virales ou les pathologies dégénératives.
Les pathologies qui associent surdité et vertiges
Certaines maladies affectent directement l’oreille interne et provoquent simultanément des troubles de l’audition et de l’équilibre. En voici les principales :
La maladie de Ménière
C’est l’exemple le plus connu. Cette affection chronique de l’oreille interne se manifeste par :
Des crises de vertiges rotatoires parfois violentes, durant plusieurs minutes à heures,
Une perte auditive fluctuante, souvent unilatérale,
Des acouphènes,
Une sensation de pression dans l’oreille.
La maladie de Ménière est due à un excès d’endolymphe dans l’oreille interne (hydrops endolymphatique), ce qui perturbe à la fois les cellules sensorielles de l’audition et celles de l’équilibre.
L’otospongiose
Il s’agit d’une affection osseuse évolutive touchant l’étrier (l’un des osselets de l’oreille moyenne). Cette pathologie entraîne :
Une perte auditive progressive (généralement conductrice),
Parfois, des vertiges lorsque la maladie se propage à l’oreille interne (forme dite cochléaire ou mixte).
L’ototoxicité médicamenteuse
Certains médicaments — notamment certains antibiotiques (aminosides), chimiothérapies, ou diurétiques puissants — peuvent être toxiques pour l’oreille interne. Ils provoquent alors :
Une perte auditive sensorielle,
Des vertiges ou un déséquilibre chronique (atteinte vestibulaire bilatérale).
Les surdités brusques
Une perte auditive soudaine peut s’accompagner de vertiges. Cette situation est considérée comme une urgence médicale et doit conduire à une consultation spécialisée rapide, car elle peut signaler un problème vasculaire, viral ou tumoral (comme un neurinome de l’acoustique).
Pourquoi une atteinte de l’oreille interne perturbe-t-elle l’équilibre ?
Lorsque l’oreille interne est atteinte, elle ne remplit plus correctement ses fonctions de régulation de l’équilibre. Cela se traduit par des symptômes comme :
Une sensation de tangage ou de chute,
Des étourdissements ou vertiges rotatoires,
Des troubles de la marche ou une instabilité à la station debout,
Parfois des nausées, vomissements, anxiété ou fatigue intense.
Le cerveau reçoit des informations erronées ou incomplètes des capteurs vestibulaires. Cette désynchronisation entre les entrées sensorielles (oreille, vue, proprioception) crée la sensation de vertige.
Dans certains cas, le patient compense spontanément. Dans d’autres, une rééducation vestibulaire est nécessaire pour réapprendre à stabiliser le regard, maintenir l’équilibre et réduire la gêne.
Quand consulter ? – Prise en charge spécialisée et complète en cas de vertiges et surdité
Face à l’apparition simultanée de troubles de l’audition et de l’équilibre, une évaluation pluridisciplinaire et rigoureuse s’impose. Il est essentiel d’identifier la cause sous-jacente et de déterminer précisément l’origine des symptômes.
Une prise en charge spécialisée, inspirée de l’approche développée à OTONEURO MONACO, repose sur plusieurs piliers :
Une anamnèse complète et une évaluation de l’impact des symptômes sur la vie quotidienne.
Un examen clinique approfondi, incluant une otomicroscopie, une évaluation vestibulaire (par vidéonystagmoscopie) et neurologique.
Des tests audiométriques spécifiques (audiométrie vocale dans le bruit, tympanométrie multifréquence, recherche d’otoémissions, potentiels évoqués auditifs).
Des examens d’imagerie, si nécessaire, pour explorer les structures auditives et vestibulaires (IRM, cone-beam, scanner).
Une coordination interdisciplinaire, intégrant ORL, neurologue, radiologue, audioprothésiste, kinésithérapeute vestibulaire ou encore psychologue.
Chaque patient bénéficie ainsi d’un diagnostic précis et d’un parcours thérapeutique personnalisé, pouvant inclure traitement médicamenteux, rééducation vestibulaire, appareillage auditif ou encore suivi psychologique en cas de retentissement émotionnel.
En conclusion…
Oui, la surdité peut bel et bien entraîner des vertiges. Ce lien est particulièrement fort lorsque l’oreille interne est impliquée, car elle abrite à la fois les organes de l’audition et ceux de l’équilibre. Maladie de Ménière, otospongiose, ototoxicité… autant de pathologies pouvant affecter ces deux fonctions essentielles.
En cas de vertiges associés à une perte auditive, il est important de consulter un spécialiste pour éviter toute complication et mettre en place une prise en charge adaptée. Une approche globale, centrée sur le patient et s’appuyant sur des outils diagnostiques de pointe, est la clé pour restaurer l’équilibre… au sens propre comme au figuré.
Les premiers signes incluent des difficultés à comprendre les conversations, surtout dans le bruit, une impression que les autres parlent moins distinctement, et la nécessité d’augmenter le volume de la télévision ou du téléphone.
Elle se caractérise par une perte auditive souvent progressive, des acouphènes fréquents et une difficulté à comprendre la parole, surtout en présence de bruit de fond, même si les sons semblent assez forts.
La maladie de Ménière est une pathologie de l’oreille interne qui provoque des crises de vertiges intenses, accompagnées d’une perte auditive fluctuante, d’acouphènes et parfois d’une sensation de pression dans l’oreille.
Les acouphènes et les troubles de l’équilibre peuvent avoir une origine commune dans l’oreille interne. Une atteinte cochléovestibulaire peut ainsi entraîner des bruits perçus sans source externe et des sensations de vertige ou d’instabilité.
Une atteinte du nerf auditif peut provoquer une surdité soudaine ou progressive, souvent unilatérale, associée à des acouphènes. Dans certains cas, elle s’accompagne de vertiges ou de troubles de la perception spatiale des sons.